Ce n’est pas un secret, du moins dans les cercles artistiques et des amateurs de peinture : Picasso avait un penchant certain pour les arts dits primitifs, mais pas d’un point de vue ethnographique. Grand maître du cubisme et considéré comme étant l’un des plus grands artistes du 20e siècle, les œuvres de Pablo Picasso ont certainement changé le cours de l’histoire de l’art. Ce que l’on sait moins, c’est que l’art africain a largement influencé l’œuvre de l’artiste…
Picasso rencontre l’art africain
Vers la fin du 19e siècle et en conséquence directe de l’impérialisme, beaucoup d’objets d’africains sont arrivés sur le Vieux Continent. A l’époque, ils n’étaient pas considérés comme des œuvres d’art à proprement parler. Ils étaient plutôt considérés comme des artefacts des conquêtes coloniales et n’avaient que peu ou pas de valeur monétaire. Mais au début des années 1900, tout cela va changer… Sous l’impulsion d’un certain Picasso, l’esthétique de l’art africain est devenue une source d’inspiration profonde pour l’Ecole de Paris, alors à la recherche de modes de représentation nouveaux.
Pour Picasso, ces objets venus d’Afrique avaient une profondeur rituelle qui l’a à la fois surpris et ému. L’aventure commence…
La période africaine de Picasso
On pense que la période africaine de Picasso, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, a duré de 1907 à 1909. Au cours de cette période, Henri Matisse expose son « Nu Bleu » en 1907 et « La Danse » en 1909, ce à quoi Pablo Picasso réplique avec l’œuvre qui fera sa renommée, que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « Les Demoiselles d’Avignon ». Dans ce tableau, l’artiste commence clairement à incorporer les influences africaines dans son travail.
Dans Les Demoiselles d’Avignon, les visages des trois femmes à gauche sont basés sur des sculptures ibériques. Afin d’éviter la monotonie de la composition, Picasso a basé les visages des deux femmes de droite sur l’art totémique africain, qu’il avait également collectionné. Tout au long de la carrière de Picasso, les périodes sont conclues par une œuvre majeure qui contient toutes les nouvelles choses qu’il a apprises. Le tableau « La vie » a conclu et résumé sa période bleue et « La famille de Saltimbaques » en a fait de même pour sa période rose.
« Picasso Primitif »
Si l’impact de l’art africain sur Picasso, et sur la naissance du cubisme plus globalement, a été largement étudié, ce n’est pas le cas des œuvres qui ont inspiré tout un mouvement. Celles-ci sont en effet rarement analysées. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé le musée du Quai Branly a organiser l’exposition « Picasso Primitif », afin de tenter une explication de la passion de l’artiste pour les arts africains dans leur ensemble. Le Quai Branly, dont une des galeries accueille, par ailleurs, la donation exceptionnelle d’œuvres faite par monsieur Ladreit de Lacharrière à l’Etat français en 2018. Le mécène français a en effet constitué, au fil des années, une importante collection d’œuvres africaines et océaniennes d’une rare qualité.