L’influence de l’artiste de la Renaissance du Nord Jan van Eyck a été si grande qu’il est presque impossible de parler de la peinture à l’huile sans considérer son impact. Le peintre du XVe siècle est mort en 1441, probablement au début de la cinquantaine, et il a laissé derrière lui un peu plus de 20 peintures à l’huile connues. Bien qu’il ait été très respecté à son époque, on ignore encore beaucoup de choses sur van Eyck, même l’année exacte de sa naissance reste un mystère. Mais son art continue d’intriguer aujourd’hui…
Vous trouverez ci-dessous la présentation de l’une des œuvres les plus célèbres par l’artiste, qui est considéré comme l’un des tous premiers peintres à l’huile.
Le Retable de Gand (1432)
Techniquement, le meilleur travail de van Eyck est une production collaborative. Les universitaires s’accordent à dire qu’Hubert, le frère aîné de Jan, a conçu et commencé le Retable de Gand, bien qu’on ne sache pas exactement quel van Eyck a travaillé sur quels éléments de la pièce. Mais les mystères ne s’arrêtent pas là, car les historiens ont passé des siècles à réfléchir à la dense iconographie de l’œuvre.
Les historiens ont passé le plus clair de leur temps à louer le style de van Eyck qui, comme d’autres artistes de la Renaissance du Nord, s’intéressait davantage à l’empilement des détails, rendant les tissus, les fourrures et les surfaces avec des détails étonnants, et moins à la création d’une illusion naturaliste de la réalité, comme leurs contemporains italiens qui ont étudié l’anatomie et la biologie pour dépeindre leurs sujets avec plus de précision scientifique. L’observation de la nature par Van Eyck est encore plus patiente, sa connaissance des détails encore plus exacte que les artistes qui l’ont précédé, selon l’historien de l’art E. H. Gombrich. Une telle tendance est abondamment illustrée par le Retable de Gand, qui pèse plus d’une tonne et mesure près de 4,5 de haut. Et le recours de van Eyck à la peinture à l’huile, un nouveau médium qui permettait aux artistes de revenir à plusieurs reprises sur une partie de la toile grâce au long temps de séchage, lui a permis de rendre Adam et Eve avec un tel réalisme que les personnages, représentés presque grandeur nature, semblent vraiment occuper un espace tridimensionnel.
L’histoire du Retable de Gand est cependant presque aussi intéressante que l’œuvre elle-même. En 1566, des années après que d’innombrables artistes, dont Albrecht Dürer, aient commencé à faire le voyage pour voir l’œuvre, les protestants ont pris d’assaut la cathédrale Saint-Bavon de Gand, où se trouve actuellement le Retable, et ont tenté de le brûler. Et, pendant la Seconde Guerre mondiale, le Retable a été volé par les nazis. Les « Monuments Men », un groupe qui a aidé à récupérer les œuvres d’art volées, ont aidé à la restitution de la pièce dans la cathédrale une fois la guerre terminée, mais les dégâts avaient été faits : un panneau de celle-ci n’a jamais été retrouvé.