Le peintre néerlandais Vincent Van Gogh, célébré pour ses paysages mémorables de son pays natal, était un personnage plutôt tragique qui a souffert d’anxiété et de dépression tout au long de sa vie.
En effet, ce génie de la peinture qui s’est suicidé à l’âge de 37 ans, était suivi par plus de 150 médecins qui ont avancés une variété de diagnostics sur sa maladie (épilepsie, bipolarité, dépression réactive, lésion limbique, etc…).
Une myriade d’états émotionnels de Van Gogh a été parfaitement saisie dans les trente-neuf autoportraits qu’il a réalisés de 1886 à 1889. Voici une petite sélection des plus connus d’entre eux.
Le penchant de Van Gogh pour l’autoportrait
Si Van Gogh avait pris la décision de se peindre lui-même, c’est d’abord parce qu’il était souvent fauché et donc incapable de payer des modèles. Cependant, si l’on considère la situation contemporaine, il semble que Van Gogh ait utilisé l’autoportrait comme un moyen de s’exprimer en tant qu’humain et en tant qu’artiste. Il a décrit son penchant pour ce genre dans une lettre qu’il a écrite à sa sœur Wilhelmina van Gogh en 1887 : « De mon propre travail, je pense que l’image de paysans mangeant des pommes de terre que j’ai faite à Nuenen est après tout la meilleure que j’ai faite. Mais depuis lors, je n’ai plus eu la chance d’avoir des modèles, bien que j’aie eu, par contre, la chance d’étudier la question des couleurs. Et si je devais retrouver des modèles pour mes figurines plus tard, j’espère alors pouvoir montrer que je cherche autre chose que des petits paysages verts ou des fleurs ».
On peut dire que pour chaque étape de la courte, mais très prolifique carrière de Vincent Van Gogh, nous trouvons un autoportrait qui l’incarne. C’est sa manière à lui de se réinventer comme il l’explique si bien dans une lettre où il dit « il est difficile de se connaître, mais il n’est pas facile de peindre ».
#1 Autoportrait, 1889
Le premier tableau de notre liste a été réalisé par le peintre en 1889. Van Gogh a emporté le tableau avec lui à Auvers-sur-Oise, près de Paris, et l’a montré au Dr Paul Gachet, qui l’a trouvé absolument fanatique. Finalement, le peintre a envoyé cet autoportrait à son jeune frère, le marchand d’art Theo, avec un message d’accompagnement : « Vous devrez étudier le tableau pendant un certain temps. J’espère que vous remarquerez que mes expressions faciales sont devenues beaucoup plus calmes, bien que mes yeux aient le même regard insécurisé qu’avant, du moins c’est ce qu’il me semble ».
Cet Autoportrait de 1889 se trouve au Musée d’Orsay à Paris.
Le premier élément frappant que l’on constate en analysant cet autoportrait, est le fond tourbillonnant et chaotique.
Pour certains critiques, cet élément est mis en évidence exprès par Van Gogh car il témoigne de son état mental psychotique à la période où il l’a peint. D’ailleurs, lui-même dit dans une lettre adressée à sa sœur Wilhemina, au moment de peindre cet autoportrait : « Je n’étais absolument pas conscient de ce que je disais ou faisais. Bien que le tableau ait une histoire sombre, il montre la maîtrise de Van Gogh de l’autoportrait et dépeint un moment charnière de sa vie ».
Nous remarquons que dans ce tableau, Van Gogh s’est peint dans un costume bleu, et non dans le manteau de pois qu’il avait l’habitude de porter pendant qu’il travaillait. En outre, il nous est facilement perceptible que l’artiste a tenu à ce que toute l’attention soit portée sur son visage, et ses yeux qui arborent un regard déterminé, quoique un peu fatigué.
#2 Autoportrait au chapeau de paille, 1887
Ce tableau de Van Gogh intitulé Autoportrait au chapeau de paille a été réalisé au cours de l’été 1887 à Paris. Il représente l’artiste avec une expression de visage presque joyeuse, suggérant la phase calme de sa vie. Pendant son séjour de deux ans dans la Ville Lumière entre 1886 et 1888, sous l’influence de la palette de couleurs impressionnistes, Van Gogh a éclairci sa palette. Cependant, très vite réservé, il a commencé à utiliser des couleurs claires uniquement pour exprimer des humeurs particulières.
Encore une fois, cet autoportrait révèle la santé déclinante de Van Gogh. Les ombres profondes, la bouche serrée, etc. Beaucoup de détails compris dans cette œuvre montrent que l’artiste souffrait de stress physique et de fatigue émotionnelle. Le regard ferme à presque l’air d’implorer l’aide de toutes personnes ayant vu ce tableau.
Le chapeau de paille jaune et le manteau typique du paysan ouvrier, montre également l’image que Van Gogh avait de lui-même. A savoir un artiste modeste très proche des classes sociales les plus démunies.
De récentes études, ont permis de savoir que l’autoportrait au chapeau de paille n’est pas une œuvre inachevée comme on avait tendance à le croire autrefois. En effet, si le tableau à l’air quelque peu délabré, c’est en raison des décolorations produites au fil des années.
Les chercheurs ont établi également que Van Gogh avait peint le fond et la veste d’une couleur rose-violet. Malheureusement, il ne reste plus que des traces du bleu sous-jacent.
Cet autoportrait peut être admiré au Detroit Institute Of Art.
#3 Autoportrait avec une oreille bandée, 1889
Cette œuvre montre Van Gogh portant une casquette bleue doublée de fourrure noire et un manteau vert, avec un bandage couvrant son oreille. Le tableau est lié à la phase difficile de la vie de l’artiste. Il a déménagé de Paris à Arles en espérant établir une communauté d’artistes à laquelle il a invité Paul Gauguin, un jeune peintre parisien. Cependant, les deux se disputent souvent et ne parviennent pas à s’entendre.
Cet autoportrait fut peint peu après que Van Gogh soit rentré chez lui après de l’hôpital après qu’il se soit mutilé l’oreille. Encore une fois, l’expression du visage témoigne d’une forte mélancolie.
Dans cette œuvre nous trouvons également plusieurs références à la culture japonaise comme le Mont Fuji ou encore les deux personnages en costume traditionnel japonais. Une culture qui a toujours inspiré Van Gogh au point de s’en inspirer dans plusieurs de ces tableaux.
L’Autoportrait à l’oreille bandée se trouve au Kunsthaus Zürich.