Le célèbre tableau « Impression : Soleil Levant » de Claude Monet a été peint dans la chambre de l’artiste en 1872, alors que le soleil était sur le point, justement, de se lever. Inspiré par le lever du soleil du Havre vu de sa fenêtre, Monet a essayé de capturer à la fois le lever de l’aube dans le ciel, qui, en même temps, se reflétait aussi sur les eaux du port. Lorsque le tableau a été exposé en 1874, l’artiste a hésité à lui donner un nom…
L’histoire de l’œuvre
Cette œuvre a été peinte par Claude Monet depuis une fenêtre d’hôtel au Havre en 1872. C’est l’une des neuf œuvres qu’il a exposées à la première exposition impressionniste de 1874. De toutes les œuvres exposées, c’est probablement la plus célèbre, non pas tant en raison d’un statut crucial dans l’œuvre de Monet, mais plutôt pour la réaction qu’elle a suscitée auprès des critiques, ce qui a donné naissance au nom du mouvement. Le 25 avril 1874, dix jours après l’ouverture de l’exposition, un article est paru dans la revue satirique Le Charivari, dans lequel le critique Louis Leroy décrit une conversation fictive entre deux visiteurs. L’un d’eux est un peintre paysagiste qui, en regardant cette œuvre, s’exclame : « L’impressionnisme, je le savais ; après tout, je suis impressionné, donc ce doit être une impression… Quelle liberté ! Quelle facilité de travail ! Le papier peint à l’état embryonnaire est plus fini que ce paysage marin ».
Technique
Malgré sa notoriété, le tableau est, d’une certaine manière, atypique par rapport à l’œuvre de Monet à cette époque et à l’impressionnisme en général. Il ne montre que peu de choses sur le traitement impressionniste de la lumière et de la couleur. Les couleurs sont très sobres et la peinture est appliquée non pas par de discrets coups de pinceau de couleurs contrastées, mais par des lavis très fins. À certains endroits, la toile est même visible et la seule utilisation de l’empâtement est la représentation de la lumière du soleil réfléchie sur l’eau. La peinture est fortement atmosphérique plutôt qu’analytique et son esprit est quelque peu similaire à celui des œuvres de Turner.
Néanmoins, elle illustre particulièrement bien l’une des caractéristiques de la peinture impressionniste. La technique est très sommaire et aurait été considérée comme une étude préliminaire pour un tableau plutôt que comme une œuvre finie pouvant être exposée. Monet lui-même considérait l’œuvre comme inachevée, et c’est pour cette raison qu’il a adopté le titre « Impression » pour la distinguer d’œuvres telles que son autre vue du Havre dans la même exposition, bien que celle-ci manque elle aussi de la finition alors attendue. Dans cette œuvre, Monet a réduit les détails au strict minimum : les chantiers navals à l’arrière-plan sont simplement suggérés par quelques coups de pinceau, tout comme les bateaux au premier plan. L’ensemble représente la tentative rapide de l’artiste de saisir un moment fugace. La technique très visible, presque abstraite, attire presque plus l’attention que le sujet lui-même, une notion alors totalement étrangère aux amateurs d’art.