« L’homme qui marche », d’Alberto Giacometti, fait indéniablement partie de ces quelques rares chefs d’œuvre qui marquent à jamais l’histoire de l’art. Sculpture d’un corps fébrile en équilibre fragile sur ses deux longues jambes, buste incliné, l’homme qui marche dépeint, avec maestria, la difficulté de l’homme à s’arracher de sa condition. De là à en faire un véritable symbole de l’humanité, il n’y a plus qu’un « pas » ! Excusez le jeu de mots…
Une œuvre universelle, intemporelle
L’homme qui marche a été réalisé par Alberto Giacometti en 1960. Reproduite en 10 exemplaires, cette magnifique sculpture en bronze de 108 cm de hauteur suscite de nombreuses interprétations. Une chose est sûre, l’artiste la voulait intemporelle, universelle. Dans son atelier, Giacometti modèle un personnage complètement nu et visiblement fragile pour symboliser l’homme.
Malgré sa peau fine qui couvre à peine ses os, la démarche du personnage n’en demeure pas moins assurée. Une marche, on l’imagine, vers un monde meilleur. L’effet de marche de l’œuvre et son dynamisme sont justement accentués par cette démarche assurée, buste légèrement incliné et bras ballants. Le regard, lui, est droit, et les jambes très longues. Complexe, l’œuvre joue à merveille sur une dualité existentielle, celle de quête d’un avenir meilleur qui passe obligatoirement par un arrachement à la condition présente.
Une œuvre vendue 74 millions de dollars chez Sotheby’s
Il faut le savoir, Giacometti est un éternel insatisfait. Tellement insatisfait qu’il abandonne le projet de l’homme en marche, après deux ans de travail acharné, trouvant sa création ratée. Cette insatisfaction permanente est aussi, paradoxalement, le moteur qui permet à l’artiste d’avancer, de continuer. En 2010, son œuvre iconique a été vendue pour la somme de 74 millions de dollars chez Sotheby’s à Londres, ce qui en fait l’une des sculptures les plus chères au monde encore aujourd’hui.