L’Académie des beaux-arts, institution emblématique et historique, constitue l’une des cinq illustres académies rassemblées sous l’égide de l’Institut de France. Depuis 1816, elle partage cette distinction avec l’Académie française, l’Académie des Sciences, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ainsi que l’Académie des Sciences morales et politiques, formant ainsi un conglomérat prestigieux de savoir et de culture. Héritière directe des académies royales fondées au XVIIe siècle, elle a un statut particulier et a la capacité à s’autogérer, s’inscrivant dans une tradition de longue date qui célèbre et préserve le patrimoine artistique et intellectuel français. Découverte !
Académie des beaux-arts : les missions
Institution centrale dans le paysage culturel français, l’Académie des beaux-arts déploie un large éventail de missions dédiées à la promotion et au soutien de la création artistique. Ses actions, ancrées tant sur le territoire national qu’à l’international, se manifestent à travers une politique de mécénat aux multiples facettes : l’octroi de récompenses aux artistes émergents ou établis, l’organisation de concours, le financement de résidences artistiques, et le soutien à divers projets et associations culturels.
Au cœur de sa démarche, l’Académie gère et valorise un riche patrimoine constitué de dons et de legs, incluant des sites d’exception comme le Musée Marmottan Monet à Paris, la Villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat, ou encore la Maison de Claude Monet à Giverny, entre autres. Elle entretient également des partenariats stratégiques avec un vaste réseau d’institutions culturelles et de mécènes, renforçant ainsi sa présence et son influence dans le domaine artistique.
En sa qualité d’instance consultative pour les autorités publiques, l’Académie mène une réflexion continue sur des thématiques artistiques variées, enrichie par les interventions de figures emblématiques du monde culturel lors de ses séances hebdomadaires. Pluridisciplinaire par essence, l’Académie regroupe 67 membres répartis en neuf sections artistiques, complétés par 16 membres associés étrangers et 67 correspondants. Ce collectif d’académiciens diversifié œuvre ensemble pour « contribuer à la défense et à l’illustration du patrimoine artistique de la France, ainsi qu’à son développement, dans le respect du pluralisme des expressions », tel que stipulé dans les statuts de l’Académie.
Les symboles de l’institution
L’Académie des beaux-arts est une institution emblématique de la culture française, et en tant que telle, elle arbore naturellement des symboles forts, empreints d’une riche histoire et de significations profondes. Tour d’horizon !
Minerve
Au cœur de ces symboles, Minerve, « protectrice » de l’Institut de France et des cinq académies, incarne la quintessence de la sagesse, des sciences et des arts. Cette déesse guerrière, issue de la mythologie grecque sous le nom d’Athéna, est souvent représentée armée, symbolisant l’intelligence créatrice et le génie humain. Sa figure, magnifiée dans les œuvres d’Antoine Rambert Dumarest, membre de l’Académie des beaux-arts, s’érige comme l’emblème de l’Institut national des Sciences et des Arts depuis sa fondation en 1795.
L’habit vert des académiciens
Autre symbole notoire de l’Académie des beaux-arts : l’habit vert des académiciens. Conçu en 1801 par l’architecte Jean-François Chalgrin à la demande de Bonaparte, ce costume distinctif, composé de drap noir et de soie vert foncé, coiffé d’un bicorne orné de plumes d’autruche, est le privilège des académiciens et des associés étrangers, les correspondants n’ayant pas ce droit.
L’épée
L’épée d’académicien vient compléter cette panoplie avec une signification toute particulière. Apparue en 1687, cette épée n’est pas une arme, mais un symbole personnalisant son porteur. Chaque épée est une œuvre d’art unique, reflétant l’idéal, la carrière et la philosophie de son détenteur. Elle n’est pas un instrument de duel, mais un témoignage de respect et de reconnaissance, soulignant le rôle pacifique de Minerve. Le Musée Marmottan Monet abrite d’ailleurs une salle dédiée aux épées des académiciens, offrant un aperçu fascinant de ces objets chargés d’histoire et de symbolisme.
« Profiter du génie féminin », sans viser la parité
« L’objectif n’est surtout pas la parité, cela n’a aucun intérêt ! », la citation est de Laurent Petitgirard. Pourtant, jamais l’Académie des beaux-arts n’a élu autant de femmes que sous le « règne » de son secrétaire perpétuel. En effet, ce dernier a fait de l’inclusion des femmes au sein de cette institution prestigieuse un objectif clé, mais l’accent est plutôt mis sur l’apport du « génie féminin », sans pour autant imposer des règles contraignantes de parité.
C’est dans ce contexte qu’Anne Démians, une architecte éminente, a récemment fait son entrée historique au sein de l’Académie en tant que membre de la section d’architecture. Cette distinction, officialisée lors d’une cérémonie à l’Institut de France, souligne la percée des femmes dans des domaines historiquement dominés par les hommes. Démians, connue pour ses projets d’envergure tels que le complexe thermal de Nancy et la rénovation de l’Hôtel-Dieu à Paris, dirige une équipe d’architectes, d’ingénieurs et de designers dans son agence parisienne.
Cette élection est d’autant plus importante que, depuis sa fondation en 1816, l’Académie des beaux-arts, héritière des académies royales, n’a accueilli que 11 femmes parmi ses 67 membres. Le chemin vers une représentation équilibrée des femmes a été lent, avec Catherine Duchemin en 1663 comme première académicienne, suivie par une longue période d’absence féminine jusqu’à l’élection de Jeanne Moreau en 2000. Les choses ont toutefois changé avec Laurent Petitgirard, sous la direction duquel l’Académie a connu une accélération notable de l’inclusion féminine depuis 2016. Reconduit récemment pour un second mandat, Petitgirard maintient son engagement en faveur d’un équilibre entre les sexes tout en renforçant l’interdisciplinarité au sein de l’académie. Son approche vise à enrichir l’académie grâce à la diversité des perspectives et des talents, soulignant que l’équilibre et la complémentarité des genres contribuent à l’épanouissement de l’art et de la culture.
Vers une métamorphose de l’Académie des beaux-arts ?
Assistons-nous à une métamorphose de l’Académie des beaux-arts ? La réponse de Laurent Petitgirard ne laisse aucune place au doute : « C’est la société qui se métamorphose, enfin ! Et ce serait quand même fou que l’Académie ne suive pas ». Le secrétaire perpétuel cite notamment Jeanne Moreau, élue en 2000, comme la pionnière moderne de cette vague de féminisation de l’institution. Il observe par ailleurs qu’à son arrivée, les femmes étaient pratiquement absentes de l’Académie, une prise de conscience qui a, en quelque sorte, encouragé l’élection d’Edith Canat de Chizy en 2005, devenue la première femme à assumer la présidence de l’Académie des beaux-arts !